De l’incipit au point final, le lecteur est happé dans le tourbillon d’un autre espace-temps. De collage immédiat pour l’Isekai, ce courant littéraire mettant en scène des personnages voyageant entre deux univers, où l’unité d’action s’étire entre fantasy et monde réel.
À travers le premier volume, intitulé L’Inflexion, de ce qui promet d’être une longue saga, nous entrons dans la vie tumultueuse, parsemée d’embûches, de tragédies et d’aventures spectaculaires d’un tout jeune baron : Àrius Lovelace, sept ans et des poussières.
Bien né, héritier de la baronnie d’Àmona, au sein de la principauté d’Eldoris, il n’aura pas le choix : tout apprendre en accéléré.
Un parcours initiatique lui révélant son aptitude à manier le sabre, sa force, sa magie et bien d’autres pouvoirs surnaturels (car n’oublions pas que le héros vogue entre deux mondes, le visible et l’invisible pour le profane). Tout ira très vite donc pour Àrius, même l’enfance, l’innocence interrompue brutalement par la perte de son père d’abord, puis l’adieu déchirant à sa mère morte en le sauvant de l’ennemi.
Et puis le gouffre, la captivité, le mal.
Comment lui et ses compagnons de route vont-ils échapper au funeste destin que leur réserve le si mal intentionné marquis Brader de Sinevergo ?
Pour le comprendre, il faut entrer dans cet univers onirique et fantastique cher à l’auteur, capter l’essence de ce jeune héros, sa capacité à suivre un guide précieux sous les traits sublimés de Miyu, un esprit et guide indispensable qui enseignera au jeune baron les rouages et le bon usage de ses pouvoirs magiques exceptionnels, et viendra parfaire les enseignements transmis à Àrius par son père avant de succomber au coup fatal.
Jusqu’au bout des aventures du baron en herbe, on est conquis, captivé, comme sous le charme.
La plume alerte et le style enlevé de Jean-Louis Vill, un puriste du genre Isekai qui ne néglige aucun détail, rendent grâce à cette histoire sur fond d’identité et de conquête effrénée des territoires du continent jumeau. Il y a du génie chez cet auteur. Comment imaginer en lisant un récit aussi riche et foisonnant, qu’il a découvert « l’isekai par hasard par le biais du dessin animé japonais, durant le confinement. »
Un registre que cet inconditionnel de Jules Verne et d’Alexandre Dumas apprécie pour son « raffinement et pour l’humour, l’action et la romance » qui s’y entremêlent.
Le jeune baron porte un héritage qui attire toutes les convoitises : le savoir d’un père originaire d’un Japon parallèle et les pouvoirs conférés par une mère issue d’une lignée de magiciens. Ce cocktail d’origines prodigieuses fait de lui une cible pour des adversaires redoutables, tels que le marquis Brader de Sinevergo, un stratège sanguinaire assoiffé de domination.
Et l’on devine aisément qu’après ce premier temps où l’heure est venue, de l’inflexion, moment décisif qui influencerait la suite de son existence, la route du jeune Àrius sera encore longue. Sinueuse, intense. Sa mission : assurer sa survie et maintenir la stabilité de son empire. Mais il a déjà l’étoffe d’un roi dans cette partie d’échecs menée avec courage et cœur invincible en territoire miné par l’ennemi…
Quant à nous, lecteurs, nous avons déjà hâte de dévorer les prochains volumes et d’aller voir ce qui se joue de l’autre côté du sabre, dans l’autre monde.
Par LUCILE GELEBART